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Interview ESG et partenaire : Ynov

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Ynov, leader français des formations aux métiers du numérique, propose une approche pédagogique pragmatique visant l’entrée en vie professionnelle de tous leurs diplômés. Objectif atteint puisque près de 90% des étudiants sont en poste dès la fin de leur cursus.
Ynov, c’est aussi un Groupe qui attache beaucoup d’importance aux enjeux RSE, à l’interaction entre élèves de différentes filières et à leur intégration citoyenne et qui n’hésite pas à tester des solutions innovantes pour éduquer efficacement ses élèves et enseignants.
Cinq questions à Yannick Nay, Directeur Associé Ynov Campus et Directeur du campus de Bordeaux, pour mieux comprendre comment créer de la valeur en mettant l’humain au cœur du parcours de l’étudiant en enseignement supérieur

(Temps de lecture : 8 min)

1/ Vous avez occupé différentes fonctions au sein du Groupe, pouvez-vous nous en dire plus sur l’originalité de la philosophie « Ynov » ?
Notre objectif est que chaque étudiant trouve un emploi de qualité et pérenne à la sortie de l’école et pour y arriver, nous avons allié pédagogie bienveillante et approche pragmatique de l’intégration sociétale. Si notre objectif est celui de toute école, il nous semble que cette méthode hybride entre acquisition de savoirs et développement de savoir-être fait notre différence et notre succès.
Concernant le cursus, nous pensons que chaque étudiant est unique et issu d’un parcours différent ; il nous semble donc logique de lui offrir la liberté de personnaliser sa formation – et comme nous avons l’avantage d’avoir cinq grands pôles disciplinaires sous un même toit, l’éventail des choix est vaste. Cela permet, par exemple, de combiner numérique et marketing ou informatique et création pour une formation qui correspond au projet professionnel de chacun.
Le rythme scolaire participe à notre philosophie Ynov. D’une part, en étalant l’année scolaire et en concentrant les cours sur une demi-journée, cela laisse le temps aux étudiants de prendre un job qui financera leurs études ou de pratiquer un sport ou une activité artistique. Nous pensons que cela contribue fortement à l’épanouissement et à la responsabilisation de nos jeunes.
D’autre part, tous les 15 jours, les étudiants ont un YDay : une journée dédiée au travail sur un projet transversal, entrepreneurial qui réunit des étudiants de différentes filières. Le but est de les entrainer à imaginer des solutions, à travailler en équipe, à fonctionner en mode projet et de donner aux étudiants de 4ième et 5ième année l’opportunité de manager des plus jeunes. Certaines de ces idées aboutissent à de vraies start-ups qui pourront ensuite être incubées et présentées à des acteurs professionnels locaux, nationaux voire internationaux.

2/ Vous parlez de mettre l’humain au cœur du parcours, ce qui pourrait sembler contradictoire pour une école des métiers technologiques et numériques. Quels en sont les éléments ?
Nous mettons l’accent sur le coaching – de carrière par des professionnels qui font un suivi très régulier de chaque étudiant tout au long de la scolarité afin que l’alternance ou le stage débouche sur le job désiré – et du mentoring entre élèves, après les avoir formés à cette mission. Nous élargissons aussi à la santé et à la responsabilité citoyenne en s’assurant que tous les étudiants aient suivi une formation aux 1ers secours dès la première année.
Le savoir-être est un sujet auquel nous attachons beaucoup d’importance car il nous semble primordial pour s’intégrer tant dans la société que dans une entreprise. Là encore, notre approche est pragmatique : par exemple, pour prévenir des dangers de l’abus d’alcool, nous avons organisé des cours d’œnologie durant lesquels sont exposés tous les dangers physiques et moraux tant pour soi qu’autrui de l’état d’ébriété et les conséquences juridiques et financières d’un accident.
De même l’absentéisme – un indicateur fort selon nous et très très faible dans nos écoles – ou les retards injustifiés ne sont pas acceptables car ils ne sont compatibles ni avec nos valeurs ni avec les attentes d’une entreprise. Au-delà de suivre et sanctionner ces écarts, nous éduquons l’étudiant pour un changement en profondeur d’attitude.
Plus concrètement, le développement du savoir-être et des soft skills est noté et les crédits obtenus sont nécessaires pour valider leur titre.

3/ Vous avez mentionné la responsabilité sociétale et environnementale à plusieurs reprises : cela semble dans l’ADN d’Ynov, pouvez-vous nous en dire plus sur vos actions ?
Nous pratiquons la RSE sur plusieurs registres. Côté cursus, nous avons des modules de sensibilisation dès la première année et les sujets sont repris avec plus de profondeur en 4ième et 5ième année. Nous testons un jeu collaboratif « la Fresque du Climat » qui montre les impacts de l’industrie et l’activité humaine sur le climat puis fait réagir les équipes en leur proposant d’imaginer des solutions, à leur niveau, pour réduire ces impacts.

Autre application de la fable du colibri et de sa goutte d’eau : l’implication dans les projets des villes de nos campus. Par exemple, à Bordeaux, nos jeunes participent à un projet entre la mairie, Suez et d’autres partenaires pour concevoir et mettre en œuvre la collecte et le recyclage de déchets dans les rues de la ville. Nous encourageons ce type d’implication en donnant des points de bonus.

L’interaction avec la région et la société se manifeste également par notre partenariat ave le Stade Bordelais. Nous avons conçu un parcours au rythme adapté et proposons des bourses pour que ces sportifs de haut niveau puissent obtenir un diplôme en 5 ans.

Enfin, nous menons diverses actions en faveur de l’environnement sur nos campus. Nous avons éliminé le papier – tout est digital chez Ynov ! Nous avons également éliminé les distributeurs de produits agroalimentaires industriels en faveur de produits sourcés localement. Nos cafétarias proposent des options équilibrées telles que des corbeilles de fruits et des salades et gâteaux fait maison.

4/ Revenons à votre objectif d‘intégration professionnelle des étudiants. Au-delà de développer aussi bien les soft skills que les compétences des jeunes, que faites-vous pour avoir près de 90% des diplômés en poste à la fin de leur cursus ?
Pour renforcer l’intégration de chaque campus dans son tissu économique local et régional, nous avons instauré des comités scientifiques pour chaque filière. Ces comités réunissent des experts métiers, des représentants des organismes professionnels et sectoriels et des dirigeants d’entreprise et cherchent à atteindre la parité – un défi que nous sommes fiers d’avoir relevé pour les comités scientifiques de cybersécurité et d’AI ! La mission de ces comités est de s’assurer que les programmes répondent bien aux besoins des entreprises, notamment qu’ils soient à jour des innovations technologiques et numériques pertinentes pour les industries de la région. Et cela marche puisque environ 80% de nos étudiants restent dans la région de l’école post-diplôme.

Un autre aspect de notre enseignement explique, à mon avis, ce fort taux d’emploi au-delà de notre à l’alternance (qui touche environ 95% de nos étudiants): les modules pour créer une entreprise et acquérir ce que j’appellerais une « culture sociétale », et donc renforcer leur responsabilité sociale. À plusieurs reprises durant leur cursus, nous les éduquons, de façon très concrète, sur tous les aspects administratifs, fiscaux et sociaux de l’entreprise. Cela va du fonctionnement de la TVA, de l’URSSAF ou de la sécurité sociale, au décryptage d’un bulletin de salaire ou des différents contrats de travail. Cela explique sans doute qu’environ 10% de nos étudiants se lancent dans le freelance dès leur 5ième année.

5/ Vous faites déjà beaucoup de choses sur le plan RSE, mais vu votre dynamisme vous devez avoir encore de nombreux projets sur ces thématiques ?
Effectivement, nous avons plusieurs projets en cours de réflexion dont celui d’accroître la parité de nos écoles. Nous n’avons que 28% de femmes dans nos cursus et sommes très conscients des enjeux de la féminisation des métiers du numérique. Aussi nous mettons en place des initiatives telles que faire faire la promotion de nos formations auprès des lycéennes par des élèves féminines ou démarchons les femmes dans les salons de jeux vidéo pour les intéresser à ce secteur très porteur, mais le curseur bouge lentement.

Un autre axe d’innovation : la formation de nos intervenants sur les aspects pédagogiques de l’enseignement. En effet, si nos professeurs sont remarquables pour leur expertise métier, leurs méthodes d’enseignement sont trop souvent « descendantes ». Pour leur apprendre à mettre plus d’animation, d’accompagnement et de savoir-être dans leur approche pédagogique d’une part et pour expliquer comment évaluer des étudiants d’autre part, nous développons des guides en ligne qui deviendront obligatoire dès la rentrée 2020.

Enfin, nous réfléchissons à élargir le système de bourse testé avec nos sportifs bordelais aux jeunes de quartiers défavorisés : toujours cette volonté d’intégration dans notre région et d’en améliorer l’écosystème.

Date de publication
17/10/2019
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